Bonjour à toutes les Mamanges et à tous les Papanges
Aujourd'hui, nous sommes le lendemain du jour prévu pour l'accouchement de notre premier enfant, Arthur.
Cela fait aussi trois semaines que mon mari et moi avons rencontré, pour quelques instants, le fruit de notre amour qui nous a quitté si brusquement.
Arthur a été conçu par un heureux hasard le jour de notre premier anniversaire de mariage. J'ai très vite su que j'étais enceinte, et je dois dire que bien qu'étant diabétique et donc très suivie, j'ai eu une grossesse de rêve avec notre petit bébé.... jusqu'au 10 juin dernier.
Ce 10 juin, je ne sentais pas Arthur bouger. C'est vrai que notre petit coquin n'était pas un grand turbulent, il était toujours très calme et ne bougeait que très peu, mais au moins trois à quatre fois par jour. Là, il n'avait pas encore bougé, alors vers 15h j'ai appelé ma sage-femme, qui m'a dit de me rendre aux urgences. J'ai immédiatement été prise en charge, et là la dame m'a expliqué que comme je faisais une crise d'angoisse, ma tension avait monté et que très certainement mon pouls couvrait celui de bébé.
C'est subitement que j'ai eu un mauvais pressentiment, ce pressentiment que tout s'écroule, que la terrible nouvelle va tomber et qu'Arthur nous avait quitté.
La dame a ensuite essayé sur l'échographie, mais pas plus de résultats.
Je me rappelle du texto de mon mari qui était au travail : "Alors, ils ont trouvé son petit coeur ? " et du vide que j'ai ressenti à ce moment là....parce que je savais au fond de moi qu'ils ne retrouveraient plus jamais les battements de coeur de notre bébé.
Mon mari est ensuite arrivé et comme, d'après ce que j'ai lu, ce qui est arrivé à beaucoup de mamanges ici, on nous a expliqué que la machine n'était pas très performante et qu'il fallait aller essayer ailleurs.
Ce que nous avons fait avec une gynécologue qui a pris les mesures de notre bébé sans jamais nous dire que son coeur ne battait plus....Jusqu'à ce que je lui demande.
On nous a ensuite expliqué le processus médical et nous sommes rentrés.
Je suis restée trois jours à ne pas sortir, de peur de croiser le regard des gens. Je suis restée trois jours avec Arthur à l'intérieur de moi, à me sentir prisonnière de mon corps et pourtant à ne pas avoir envie de le laisser partir.
J'ai encore pris quelques photos de mon gros bidou et je l'ai caressé autant que j'ai pu, comme je le faisais avant, parce que j'aimais me caresser ce gros ventre qui abritait notre bébé.
Mon mari lui aussi a eu trois longues journées.
Avant de me rendre à l'hôpital pour accoucher, nous avons rangé les affaires d'Arthur dans des cartons, nous avons discuté des choix à prendre concernant l'au-revoir à Arthur et mon mari a annoncé à son premier fils Guillaume, qui ne vit pas avec nous, qu'Arthur était parti. Guillaume était très malheureux aussi.
Ensuite je suis rentrée à l’hôpital, et j'ai accouché. Mon mari est resté avec moi tout le temps, il me soutenait, il me tenait la main, il était là.
Il ne savait pas s'il voulait rencontrer Arthur, mais quand j'ai vu notre fils, si beau, je lui ai dit qu'il pouvait le voir, alors mon mari est entré et il l'a regardé. Le temps s'est arrêté, nous avons contemplé ce bébé comme la huitième merveille du monde, et c'est notre huitième merveille du monde. Il était si beau avec son petit nez plat, ses petites lèvres et ses cheveux bruns !
Je n'ai pas pu le prendre dans mes bras, c'est comme si j'avais eu peur de l'abîmer, ce petit bout tout fragile, alors je lui ai caressé la joue.
C'était dimanche le 15 juin, à 19h22.
C'était le jour de la fête des pères.
Arthur Aymé était né.
Puis les jours se sont suivis et est arrivé le vendredi.
J'ai voulu porter le petit cercueil d'Arthur jusqu'à la pièce dédiée. J'ai comme eu le sentiment de devoir l'accompagner jusqu'au bout, jusqu'au bout du bout du bout. dans la voiture, on essayait de se rassurer, en se disant qu'on avit fait les bons choix, pris les bonnes décisions, et qu'on avait accompagné notre bébé jusqu’au bout de sa route sur la Terre.
Plus tard, nous avons réparti ses cendres, dans un petit coin de jardin calme et à l'abri du Jardin du souvenir.
C'était vendredi 20 juin.
Depuis, c'est l'enfer.
Je ne vis plus, je ne dors plus, je pense sans cesse à mourir. J'ai passé quinze jours sans manger et vingt jours sans sortir.
Je me sens inutile, je me sens vide, Arthur me manque.
Arthur me manque tout le temps. Je vis Arthur. J'aime mon fils.
Je pleure tous les jours, parfois plus, parfois moins, je n'arrive même pas à me rendre compte du tort que je crée à mon mari que j'aime tellement, qui est démuni face à mes crises et qui lui aussi souffre, en silence.
Et puis il y a Guillaume, qui attendait son petit frère avec impatience, qui est allé lui dire bonjour au jardin du souvenir, qui lui a ramassé des fleurs et qui lui fait parfois un dessin. guillaume qui hier m'a demandé pourquoi je pleurais, Guillaume à qui j'ai expliqué que je pleurais parce que j'étais triste parce qu'Arthur me manquait, guillaume qui m'a répondu qu'Arthur lui manquait aussi.
Arthur mon enfant, je n'ai pas de mots pour exprimer ce vide sidéral en moi, je l'aime tellement et il me manque tellement. La vie n'a plus de sens pour moi depuis qu'il nous a quittés.
J'ai l'impression que plus jamais la vie n'aura de sens.
Je n'ai plus d'espoir, et quand il n'y a plus d'espoir....Il ne reste plus grand chose finalement.
Je voudrais crier mais je n'y arrive pas.
Je voudrais vivre mais je n'y arrive pas.
Je voudrais mourir mais je n'y arrive pas.
Je suis une Mamange et mon Arthur me manque.