Enfants-soleil

D'habitude, je donne au téléthon enfants-soleil. Cette année, je ne suis pas capable. En fait, je fuis cette fin de semaine à toutes les années, mais là, c'est pire, je ne donne même pas, ce que je fais d'habitude. Dans un mois, ça fera 4 ans que Jacob est partie et ces temps-ci. j'anticipe. Tout simplement. Je ne veux pas donner au téléthon parce que je suis dans une passe de colère. À quoi ça sert de donner tout cet argent si les enfants meurent quand même? Je sais, il y a ceux qui survivent et tout, il y a qu'il faut faire avancer les choses, je suis d'accord, mais cette année, même tous ces dons n'ont pas réussit à sauver Jacob il y a 4 ans. J'en veux à tout ça. Je m'ennuie de mon fils.

Même si j'ai deux magnifiques filles que j'adore plus que tout au monde, il me manque. Je travaille dans une garderie et tous les jours, je vois ces parents qui se foutent de leurs enfants, qui les prennent pour acquis et tout et moi, je reste avec cette profonde peine. Pourquoi mon bébé, mon Jacob si aimé par ses parents est partie? Pourquoi il a dû souffrir? Je sais, ce sont toutes des questions auxquelles on peut répondre. Mais même avec un côté rationnel, mon côté émotif prend le dessus. Je m'ennuie de mon garçon. Il me manque.

Même après 4 ans.

De plus, comme je travaille beaucoup. j'ai du fun avec les enfants et tout, j'ai demandé à arrêter mes antidépresseurs, lesquels je prends depuis plus d'un an. Je me sens mieux depuis que je travaille, je ne veux pas passer ma vie sur les antidépresseurs! Alors, avec mon psy, on baisse la dose depuis quelques semaines. Je crois que ce n'était pas le bon temps. J'ai peur de retomber, je dois me battre pour garder la tête hors de l'eau. Mon garçon me manque et je revis tout ces temps-ci. Il y a 4 ans... Je revis, tout remonte. Pas facile.

Je l'aime plus que tout au monde...

Comme mes filles d'ailleurs.

Au moins, je peux en parler avec mon amoureux. Il m'écoute. Même s'il ne m'aide pas directement, il m'écoute. Je suis chanceuse. Mais rien de ce que je vais dire ou faire fera passer la douleur. Je dois la vivre, malheureusement.

Je croyais qu'avec les années, ce serait moins difficile. C'est un peu vrai, pendant l'année. Mais jamais dans cette période-ci. Alors, je lutte contre tout ça. Tantôt, j'ai réussi à pleurer, seule dans mon auto. J'avais de la pression à faire sortir. Et puis, de retour à la maison, j'ai eu droit à mes petits soleils sur deux pattes qui m'ont redonné l'envie de sourire.

J'avais besoin d'écrire ce soir, désolée si mes idées sont décousuent.

Merci

La tête peut comprendre et accepter pleins de choses, mais le coeur ne pourra jamais accepté d'avoir tant aimé(de l'aimer encore également) et d'avoir tant souffert du départ de ton petit Jacob d'amour.

Je pense à toi

Oh combien je te comprend. La douleur de savoir que notre bébé n'a pas pu survivre, qu'il est parti si tôt avec tout l'amour qu'on donnait.
Je suis enseignante et je me questionne à savoir si je retourne enseigner à des enfants qui ne sont pas si aimé par leurs parents.
Et comme toi, je n'ai pas donné car moi aussi il est parti et la technologie et l'avancement n'a rien pu faire pour me le garder.

Courage et force. Un jour tout sera plus facile, j'y crois.

Je te comprends moi aussi pour le téléthon, je suis incapable de l'écouter, et je fais tout pour éviter de le voir, d'en entendre parler. J'ai donné quand même il y a des semaines déjà, pour mes filles. Mais je suis incapable de voir des parents, des enfants,... Pourtant je suis sensible à leur cause, mais je pense que justement je suis trop sensible en ce moment. Je pense qu'il faut s'écouter. Courage et bisous.

Valérie,

Je t'ai lu hier... je ne trouvais pas les mots pour te répondre.

Pas simple quand tout se mélange dans notre coeur et que l'on rajoute à tout ça notre tête! Ton coeur saigne de l'absence de ton petit Jacob. Déjà 4 ans! et avant, des mois d'espoir, d'opérations, d'hôpital et surtout de corps-à-corps. Combien l'absence physique est grande! Le manque est si présent à certains moments, malgré les années.

L'aide à la cause des enfants peut se faire de tant de façons! Il n'y a pas que donner des sous à Opération Enfant-Soleil. Comme Katou, tu peux témoigner - c'est d'ailleurs ce que tu fais, entre autre ici sur le site.

Pour ce qui est des AD, le sevrage peut se faire plus lentement. Tu peux prendre une pause au stade où tu en es. Quand tu te sentiras plus stable et "bien dans tes souliers", tu pourras continuer à diminuer - tranquillement. Prendre le temps est, je crois, le secret... Je sais que j'étais très médicalisée (2 AD en combinaison + 2 autres médicaments), mais mon psychiatre a accepté de me suivre dans cette aventure, à condition que moi j'accepte de suivre ses conseils... même si ça voulait dire que peut-être ce ne serait pas possible de tout stopper, sans croire que ce soit un échec. J'ai dit oui: même réussir à en prendre moins serait un succès. Finalement, au bout d'un an, j'ai pris mon dernier comprimé de AD. Ça fait 5 ans. J'ai conservé "sur moi" des anxyolitiques pendant plus d'un an, par "sécurité". Durant tous ces mois, je n'ai même pas utilisé la moitié des comprimés d'une prescription. J'avais besoin de savoir par contre que c'était possible. Le yoga m'a aussi beaucoup aidé. Puis aussi une formation de croissance personnelle. Puis écrire. Et puis... c'est sûr qu'il reste une fragilité dont nous sommes responsables de respecter. Se respecter. Pas facile...

Gros-gros câlins

Catou, ton message m'a fait beaucoup de bien. Je crois que pour moi, tout arrive en même temps! La garderie, l'anniversaire de décès, les antidépresseurs... Je travaille avec mon psychiatre pour l'arrêt. On y va tranquillement. Lui aussi, il est d'avis que baisser est une bonne chose, mais de ne pas hésiter à garder une base. Je suis ces conseils. Il dit que je suis une personne quand même un peu à risque et moi, je ne me sens pas encore tout à fait stable pour arrêter complètement. Alors, je continue et je garderai la petite dose le temps qu'il faudra. Mais juste le fait de pouvoir penser m'en sortir, ça me fait du bien.

La job n'aide pas tellement. J'adore, mais il y a des détails qui ne la rendent pas facile. Parfois, ça me met complètement à terre d'entendre des enfants de 4 ans sacrer, dire qu'ils vont donner des "coups de poings sur la yeule" et d'autres agissements du genre. Je fais mon possible et je suis très stricte, rien ne passe, mais quand l'éducation à la maison fait défaut, je ne peux pas faire de miracle. J'en prends beaucoup sur moi. Hier, un petit garçon me "menaçait" de me lancer des roches ou sa bouffe parce que je l'avais assis sur une chaise après qu'il est poussé "parce que ça lui tentait" un bonhomme de 20 mois. J'ai toujours la peur aux tripes que mes filles apprennent des choses comme ça à leur propre garderie. Je me rends compte que je ne peux pas les protéger de tout et que je doive faire confiance à mon éducation et me croiser les doigts pour que ça rentre, mais c'est dur. Pour moi, un enfant ne peut pas être méchant et là, je vis la méchanceté des enfants... Pas trop facile parce que depuis que je suis toute petite je veux travailler avec les jeunes! Et quand les parents ne collaborent pas, c'est pas évident non plus. Au moins, c'est un minimum de personnes et la plupart veulent aussi que ça fonctionne. Je dois donc faire attention de ne pas non plus trop m'impliquer.

À la garderie de mes filles, il y a une petite qui frappent ses parents. Elle frappe sa mère et elle a essayé avec son père qui lui, ne la laisse pas faire. Ce matin, en mettant Annabelle dans son siège d'auto, elle a essayé de me frapper. Je sais que ce n'est pas son comportement habituel, mais maudit que je trouve ça difficile. Mais bon, j'ai pas de misère à la replacer non plus. Mais j'aimerais tellement ne pas avoir à le faire!

Quand j'avais Jacob, je n'imaginais pas que la vie pourrait être difficile comme ça pour les parents. Je m'inquiétais pour lui, pour l'école, sera-t-il capable de courir avec les amis? Sera-t-il assez en forme toujours? Et si son coeur défaillait là-bas? Je devrais avertir tout le personnel... Cette année, il serait entré en maternelle, en septembre. Je devrais m'inquiéter pour ça. Mais là, je vois que j'aurais ajouté le reste! Serait-il resté poli et gentil???

Ayoyoye, c'est pas facile. Avoir peur demande beaucoup d'énergie et surtout, passer par-d3essus pour vivre une vie "vivable", c'est pire.

Comme je disais à ma collègue ce matin, si on peut rentrer 10% de tout ce que l'on dit à nos jeunes de la garderie dans leur tête, on pourra crier victoire!

Malheureusement nous n'avons pas les emplois les plus faciles pour notre morale et nos questionnements. Toutefois, je crois fortement que à force de répéter encore et encore, il y a un petit quelque chose qui va rentrer dans la tête de ces enfants là et que c'est à l'âge adulte que la mémoire va faire surface et que nos apprentissages porteront fruits.
Il faut se rappeler comment nous étions petits et enfants et ados, la vie n'était pas toujours rose pour les parents mais aujourd'hui nous sommes de bons parents et de bons éducateurs.
Il faut garder espoir même si parfois ce n'est pas facile.

la peur gruge beaucoup d'énergie...
dire "stop" à tes peurs te prendrait moins d'énergie (même si on a souvent à se répéter des "stop"!!!) et ainsi, tu en aurais plus pour toi, que ce soit pour gérer ton sevrage d'AD ou pour faire face à ton quotidien de responsable de petits enfants pas toujours faciles. En fait, je dis les enfants... mais c'est aussi (surtout?) leurs parents...

gros câlins