Bonjour,
Inscrite depuis peu sur le forum je ne me sentais pas prête à écrire l'histoire de mon ange mais aujourd'hui j'ai eu un déclic.
Cela fait une semaine que Liam a été enterré aux côtés de mon grand-père et aujourd'hui je suis allée avec mes trois meilleures amies et mon mari mettre des fleurs sur sa tombe. Je ne me sens pas apaisée mais je me sens capable de raconter son histoire.
J'ai 27 ans. Mon mari et moi nous nous sommes rencontrés l'été de mes 16 ans. Après une histoire sans lendemain de jeunes adolescents nous avons gardé le contact, sommes devenus amis et meilleurs amis par la suite. Il y a presque 4 ans après avoir beaucoup discuté nous nous sommes aperçus que l'amour était plus présent que l'amitié.
Notre mariage était prévu pour le 19 Mai 2012 la veille des 30 ans de mon mari. Début Janvier mon grand-père est malheureusement parti. Début Mars mon mari qui ne voulait pas d'enfant m'a dit qu'il aimerait être papa. Contrôle début Mars chez la gynécologue. Arrêt de la pilule le 10 Mars je tombe enceinte le 26 Mars (je suis sûre de cette date) Nous nous marions le 19 Mai. Bref le bonheur parfait même si en tant que grande angoissée la grossesse m'angoisse.
Les médecins me rassurent, je vois une psy, ma famille est très présente: Bébé va bien, grossesse idyllique, aucun symptôme. Bref la grossesse dont tout le monde rêverait.
13 Décembre rendez-vous pour un possible déclenchement (à ma demande) 12 Décembre des contractions mais pas régulières. Dans la nuit encore mais j'arrive à dormir. Sur le petit matin je sens qu'il faut partir. Ayant rendez-vous je ne sais pas si je dois attendre le rdv ou aller à la maternité. On décide d'aller à la maternité où j'explique que j'ai rendez-vous etc...
Contrôle du col et là la sage femme me dit vous n'êtes dilatée que d'1 cm on va vous renvoyer chez vous mais avant on vous fait un monito. La stagiaire sage-femme ne trouve pas le coeur. Elle se fait engueulé. On m'emmène dans une autre salle pour essayer de trouver et seul les battements de mon coeur ressortent. J'ai compris mais ne dit rien (mon cousin ayant perdu un bébé je savais que si on n'entendait pas le coeur c'était mauvais signe) je garde espoir, ils vont chercher l'échographe.
Là elle m'annonce d'une manière maladroite que le coeur de mon bébé s'est arrêté. Je n'ai aucune réaction si ce n'est que de faire appeler mon mari qui est dans la salle d'attente. Il entre je pleure enfin...
Le travail ayant déjà commencé, je pars en salle d'accouchement. Poche des eaux percée, péridurale, 4 poussées, 4 heures d'accouchement.Bref l'accouchement rêvé sauf que pour moi ce fut le cauchemar. Beau bébé mais je refuse et le papa également de le voir avant qu'il ne soit habillé.
Nos parents arrivent, ils sont autorisés à rentrer. Je vois mes parents pleurer pour la première fois. Ma belle-mère est effondrée.
Ils nous proposent de voir notre fils. J'accepte. Mon mari ne s'en sent pas capable. Mes parents et mon beau-père restent, ils veulent eux aussi faire sa connaissance. Je suis incapable de le prendre dans mes bras, je lui caresse juste la main. On ne reste ensemble que 5 minutes ensuite je craque et le voilà reparti.
Après toute l'équipe est au petits soins pour la maman. Le papa lui est traité indifféremment et j'ai envie de hurler. Hurler que mon mari a lui aussi perdu un fils, qu'il souffre également et que lui personne ne vient lui demander de ses nouvelles.
On me montre dans une chambre en maternité.On me pose plein de questions auxquelles je n'ai jamais réfléchi et pour lesquelles mon mari et moi devons prendre des décisions rapidement. J'ai pris 10 ans en une journée.
Mon mari est autorisé à rester. Nuit horrible entre mes pleurs et ceux des bébés aux alentours. Le lendemain je demande à quitter l'hôpital. Aucune raison médicale ne m'en empêche je rentre donc chez moi.
On ne sait pas encore ce qui est arrivé à Liam mais je sais qu'il bougeait la veille de l'accouchement. Les premiers résultats n'ont rien révélé. J'ai rendez-vous le 11 Janvier j'espère en savoir un peu plus. Pour les résultats d'autopsie nous attendrons encore quelques mois.
9 jours après, petite cérémonie intime au cimetière où il a rejoint sa demeure terrestre auprès de son arrière grand-père.
Je ne sais pas d'où je tiens ma force, si c'est une façade mais je ne pleure que très peu et continue de vivre (bien que nous n'ayons pas fêter nöel cette année). Je pleure essentiellement le soir et presqu'uniquement en présence de mon mari. Même si parfois il m'arrive de craquer à n'importe quel moment.
J'ai 6 neveux et nièces dont un neveu de 4 mois. Je les ai tout de suite revus, j'ai tout de suite pris mon neveu de 4 mois dans mes bras même si j'ai eu beaucoup de peine mais je les aime et je ne me voyais pas les exclure de ma vie même pour quelques temps. Cela n'est pas toujours facile surtout seulement après 15 jours mais je pense que c'est le début de la reconstruction. En 15 jours j'ai accepté d'avoir perdu mon fils, accepté que je n'y étais pour rien et accepté de continuer à vivre non pas sans lui mais pour lui et pour que du paradis des anges il soit fière de sa maman.
Il est beaucoup trop tôt pour mon mari et moi de parler de faire un petit frère ou une petite soeurà Liam. Nous allons d'abord nous reconstruire, profiter l'un de l'autre, attendre les résultats d'autopsie et ensuite quand nous en aurons tous les deux envies on retentera.
Nous ne sommes pas encore rentrés chez nous (nous sommes pour l'instant chez mes beaux parents) même si nous avons déjà fait des allers-retours. Je suis rentrée dans la chambre. Je m'y sens en paix.Je ne sais pas si je dois ranger les affaires, les laisser, j'hésite. Je pense que le temps me donnera la réponse.
Ma belle-soeur qui est la marraine (marraine non officielle mais marraine de désir pour notre fils) m'a offert un collier avec un petit ange que je porte tous les jours pour qu'il soit toujours avec moi.
Cette histoire mon ange c'est la tienne. Je l'ai raconté ici parce que parler de toi ça te fait continuer à vivre dans nos mémoires et dans nos coeurs. Quand j'aurais la force de parler (et non pas seulement d'écrire) je raconterai ton histoire aux gens qui voudront la connaître et le jour où tu auras un frère ou une soeur il entendra parler de toi et de ton chemin jusqu'au paradis des anges.
e t'aime mon fils et tu me manques.